jeudi 13 janvier 2011

Chapitre III - Profiter pleinement de sa chambre d’hôtel

Alors, après avoir débarqué dans une limousine 8 portes, vous avez demandé à changer la moquette de votre chambre, pour un imprimé zébré jaune, vert, violet.
Mais enfin, cher ami Voyageur, vous qui goûtez avec envie et enthousiasme à ce vibrant univers de l’hôtellerie d’exception, sachez que tout se vit avec goût, et bon goût.
Cessez donc de vous prendre pour une star vulgaire à la bouche refaite, et révisez bien les premiers chapitres, car si vous avez répondu 150 euro à la question du chapitre II, qui était, je vous le rappelle, « Combien avez-vous donné au bagagiste ? » et bien,  j’ai  l’heureux plaisir de vous coiffer d’un bonnet d’âne, et pas à paillettes cette fois, non, non, car je connais désormais, votre vilain goût pour l’ostentation.

Reprenons, je vous prie, et je vous invite grandement à avoir de l’attention cette fois ci.



Vous êtes maintenant en possession de votre précieux sésame, la clé ou la carte magnétique de votre chambre, ou mieux, de votre suite.
Vous regardez avec envie et appréciez dans un premier temps, la surface qu’on vous a alloué.
Car pour ceux qui auraient l’extrême privilège d’habiter dans une capitale, le prix du mètre carré y étant fort cher, vous risquez à votre grand étonnement d’occuper une chambre peut être plus grande que votre modeste chez vous.

La règlementation actuelle impose pour l’attribution de cinq étoiles, que les chambres standards d’un hôtel soient d’un minimum de 24m², salle de bain comprises.
Mais comme vous avez décidé de vous faire plaisir, après la limousine, et la moquette zébrée, vous vous êtes au moins accordé une junior suite, d’une taille pouvant aller de 35 à 80 m² selon les endroits.

Arrêtons-nous d’ailleurs un instant  sur le vocabulaire.
Les chambres sont en général qualifiées de standards, classiques, deluxe, supérieures.
Aucun hôtel n’ayant à ce jour la même désignation.
Ces qualificatifs n’ont que pour simple fonction d’exprimer des superficies ou des décorations plus ou moins riches.
Un hôtel peut ainsi proposer pour sa catégorie « chambre », des chambres standards, deluxe et executive.
A vous de demander auprès du réceptionniste les subtilités entre ces trois niveaux éventuels et de choisir en fonction de vos envies et de votre budget, que nous imaginons tous, colossal.

Sachez néanmoins qu’une chambre reste une chambre, quel que soit son degré de qualification,  et que vous y trouverez un lit, plus au moins grand :
Le King size, le must du must, où vous aurez le plaisir de vous perdre dans ses 2 mètres de largeur.
Idéal si vous avez épousé un sumo ou un directeur de fastfood
Le lit Queen size  est forcément supérieur à la taille standard actuelle qui n’est que de 1m40, la largeur variant cette fois ci entre 1m60 et 1m80, car il y aussi des King Size d’1m80, qu’on se le dise.
Donc, si vous devez partager vos nuits avec votre Sumotori et que vous êtes dans une chambre équipée d’un lit standard ou Queen size, mettez-le à la diète.
Par amour, il le fera.
Autre solution moins engageante pour sa carrière : le poussez hors  du lit en pleine nuit, pour qu’il la termine sur le tapis.
L’option de passer ses vacances avec un yogi anorexique et dépressif peut aussi se révéler être une solution adéquate. Mais faites attention, si vos nuits seront réussies, ne gâchez pas votre plaisir et laissez le dans votre chambre avec un tapis de yoga et un bol de quinoa au moment du dîner.
 Il risquerait en effet de vous faire des reproches quand vous engloutirez votre deuxième pince de homard.

Revenons à la fameuse chambre que vous occupez.
Certains ont le plaisir de s’offrir une suite.
Les suites peuvent elles être junior, et, là encore en fonction des établissements, qualifiées de superlatifs ridicules et pompeux, comme exécutive, présidentielle, royale, diplomatique, ambassadrice, ou bien portaient des noms d’actrices célèbres et décédées ou que l’on croyait décédées.

Bref l’appellation dans un hôtel relève parfois d’un art poétique, complexe et délicat, que seuls quelques initiés pourront comprendre et apprécier.
Si votre suite est junior, vous occuperez déjà un espace plus grand qu’une simple chambre, et la particularité de votre suite sera qu’en plus du lit , vous y trouverez, oh mon Dieu, un coin salon.
Et dans les suites, ce coin salon est séparé de la chambre, ce qui implique que vous pourrez recevoir dans votre chambre…sans avoir à faire asseoir vos invités sur votre lit. Quelle classe… !

Si vous avez des invités, ne leur proposez pas les mignonettes du mini bar, gardez les donc pour vous, avant d’aller vous coucher, une dose de scotch n’a jamais fait de mal à personne.
Si vous deviez recevoir en chambre, faîtes appel au room service et faîtes monter champagne millésimé & petits fours.

Le room service, c’est comme pour le bagagiste, une gratification en pièces sonnantes et trébuchantes est la bienvenue. 5% du montant de la note est en général apprécié.
Par conséquent, si vous commandez une bouteille de Dom Pérignon Vintage à 655 euro et un assortiment de petits fours de 12 pièces à 72 euro, vous pourrez ainsi glisser 18 pièces de 2 euro à notre ami du Room Service. Vous pourrez l’inscrire aussi parmi vos amis Facebook, au regard  de cette couteuse amitié, il vous doit bien cela.
Bien évidemment, un billet pour certaines occasions fera un bien meilleur effet.
Pour rappel, le personnel accepte rarement en pourboire les cartes bancaires, aussi dorées soient elles et les chèques, à cause des chèques en bois bien sûr !
La carte du Room service est en général disponible 24h/24, même si certains plats plus élaborés sont rarement proposés en pleine nuit, mais les éternels du genre : tomate mozza, club sandwich et burger eux vous sont servis aussi bien à 4h du matin qu’à 17h42…c’est ça un palace.
Vos amis ont terminé la bouteille de champagne et n’ont pas souhaité commander un club sandwich au homard à 93 euro, vous allez donc pouvoir vous mettre au lit…

Si vous occupez une suite à nom ridicule,  sachez qu’elles peuvent être très grandes et atteindre des surfaces supérieures à 500m², d’autant plus, que vous pourrez y associer dans votre envie d’espace vital, d’autres suites et chambres concomitantes, afin d’occuper tout un étage et de bénéficier d’une vue à 360°.
Donc, si vous devez aller vous coucher, prévoyez une trottinette pour vous déplacer, ou exigez une chaise à porteurs auprès de la réception.

Vous voilà arrivé dans votre chambre.

La literie dans un établissement multi étoilé est en général d’une remarquable qualité, vous aurez à disposition, plusieurs oreillers, certainement d’autres également dans le dressing, et sachez que désormais, vos palaces vous offrent un menu oreiller, que vous trouverez sur votre table de nuit.
Anti allergique, ergonomique, anti stress, en poil de chameaux, bref, vous serez surpris par l’originalité et les spécificités que  l’on pourra vous proposer, ne boudez pas votre plaisir et demandez conseil à la gouvernante et testez un oreiller différent chaque nuit.
Pour que vos nuits soient agréables, les hôtels vous proposent un service de couverture.

Comme, je vous l’avais indiqué dans le premier chapitre, moins on est fait dans un palace, mieux on se porte.
Les hôteliers pensent donc que vous êtes tellement en plein jetlag qu’il serait bon que la gouvernante vous prépare votre lit pour la nuit.
Rideaux tirés, dessus de lit retiré, drap ouvert et friandise déposée sur la pliure, en général assez artistique, (simple rappel de l’union française de la santé bucco dentaire, les friandises se consomment avant de se laver les dents ! ) billet météo du lendemain, eau minérale et verre à disposition sur la table de nuit. Et vos chaussons préparés au pied du lit.
C’est bien mieux que chez Mamie, avouons-le.

N’appelez pas la gouvernante, en revanche, pour qu’elle vienne vous faire un bisou avant de vous endormir, ça pourrait être mal perçu, et vous risqueriez de voir débarquer la sécurité dans votre chambre.

Votre nuit aura été elle aussi d’exception : vous aurez rêvé qu’un lointain Oncle d’Amérique vous désignait comme seul héritier de ses raffineries texanes, mais il sera temps de vous extirper de cette torpeur à la JR et de vous rendre compte du ravage de la nuit.
Teint blafard, cernes marquées, brushing ramassé, et haleine de poney, de quoi s’amuser dans la salle de bains.

Les endroits d’exception se doivent de vous offrir deux vasques, une baignoire et douche séparée et une foultitude de détails, pour que vous vous sentiez comme à la maison : peignoirs, sèche cheveux, produits d’accueil de marque de luxe, coton tiges, bonnets de bain, lime à ongle à usage unique, serviettes en abondance et de toutes les tailles
Si vous occupez une suite à nom ridicule, votre baignoire risque d’être jacuzzi, et l’espace doté d’un sauna ou hammam
La plupart des suites sont désormais équipées d’écran Lcd voire d’écran intégré dans le miroir de votre salle de bains.

Les établissements rivalisent en ce moment sur l’équipement technologique des chambres.
De la fermeture automatique des rideaux, ou des volets, de la commande par outil domotique de la lumière, de la télé, ou des équipements audio, d’une base ipod, d’accès wifi, d’écran LCD dans toutes les pièces, de réveil numérique, de toilettes à la japonaise.
Bref, la technologie a investi votre chambre, et parfois, les ennuis aussi, car certains imprévus sont à prévoir et vous risquez d’actionner la chasse d’eau alors que vous vouliez ouvrir la lumière, ou encore d’allumer en pleine nuit l’ensemble des lumières de votre chambre alors que vous ne vouliez que celle de votre lampe de chevet, suscitant ainsi la colère de votre voisin de lit Sumotori…ah ça, si vous avez pris le modèle yogique, il aurait davantage pris sur lui, et réprimer sa colère dans une profonde et longue respiration. « Oum Shanti »*

Maintenant que vous êtes d’une propreté toute suédoise, après avoir vidé les échantillons de shampooing, après shampooing, gel douche et lait pour le corps, vous pourrez aller choisir votre tenue dans votre dressing, si vous êtes en suite ; ou votre armoire si vous êtes en chambre.
Sachez que certains établissements vous proposent de défaire vos valises et rangez vos tenues dans votre dressing puis conserver vos malles à la bagagerie.
Si vous ne restez qu’une nuit, ne rêvez pas, on ne vous proposera pas de remplir la penderie avec votre slip et votre paire de chaussettes.



Et maintenant,
Vous vous êtes confortablement assis à l’espace bureau pour lire les magazines de design, d’art ou d’architecture mis à votre disposition.
En  général des magazines qui vous feront rêver sur des maisons d’exception, des yachts, des montres de luxe et des parures hors de prix, alors que le dernier numéro de Gala, comme chez le dentiste, vous aurait bien plus amusé.
Les exemplaires de Gala sont interdits dans les palaces, tout simplement parce qu’on y trouve les clients de ces endroits, que vous pourriez être amenés à croiser au petit déjeuner.
Alors, un peu de respect pour la vie privée de vos voisins de chambre, vous aimeriez, vous, vous retrouver en photo dans ce genre de magazine avec votre sumotori ou votre yogi ?

L’heure du petit déjeuner a sonné, et là, grosse inquiétude, avec laquelle, je vous laisserai jusqu’au chapitre prochain : Mais diable, quelle tenue dois je porter ?
Petit a : une djellaba / Petit b : un tailleur Chanel / Petit c : un short et des tongs…
Comme je vois que vous hésitez, je me dis que j’ai encore une utilité…
Ne prenez pas  de bain cette fois ci, comme je vous l’indique à chaque fin de chapitre, car vous venez je vous le rappelle de vider l’échantillon de gel douche…

*Oum Shanti, sanscrit qui signifie  « Paix sur la terre à toi qui apprécie davantage le luxe à la quête spirituelle »

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